Le bonheur : une illusion ?
Réplique au texte « LE BONHEUR COMME MOTIVATION » de Gaston Marcotte professeur à l’Université Laval
Je me souviens, avec bonheur, des séances de formation en développement humain initiée, par monsieur Gaston Marcotte, à l’Université Laval et des bienfaits que j’en ai retirés. Celui-ci écrivait dans les pages du journal de Québec du 17-02-2018 que la recherche du bonheur devait être la principale motivation de l’enseignement.
Un jour, il m’a demandé « Roger, le bonheur est-ce que ça s’enseigne »? Je vous lui ai répondu sans doute, tout dépend ce qu’on entend par bonheur. Si le bonheur est considéré comme un sentiment nécessaire, une satisfaction passagère, légitime et stimulante, je dis oui. Il existe sur le bonheur des milliers de livres, dans toutes les langues à travers le monde depuis la genèse. On écrit sur lui, on écrira, mais on lui colle plus d’intentions qu’il peut en porter. On le cherche toujours. Personne ne le détient. Il se fait leurre, faux-fuyant. Dès qu’on s’en approche, il s’éloigne. Au fond, on se projette en lui, on y met ses espoirs cachés. Le mot bonheur vient de bon et ëur ; signifiant « accroissement accordé par les dieux à une entreprise ». Le bonheur est de bon augure, comme on dit « le bonheur est dans le pré » dans le calme qu’on y trouve et cette sensation nous fait du bien, nous rend heureux. C’est très bien comme ça.
Une valeur absolue
Sauf erreur, le bonheur n’est pas ; une certitude qui se construit au gré de notre état d’esprit et des circonstances : ni une plénitude (développement complet) ; ni un absolu. Lui prêter de telles intentions, croire qu’il peut jouer ce rôle, conduirait à la déprime, à l’angoisse aux désillusions. Les drogués en font l’expérience tous les jours. Qui ne connaît pas la fragilité de l’équilibre humain en ce monde incertain?
Je lis dans votre article : « Les êtres humains sont biologiquement une fin en soi, donc à eux- mêmes leur valeur absolue.» Biologiquement, de bio, vie. Qu’est-ce que la vie ? D’où- vient-elle. D’où tient-elle sa vitalité, sa durée ? La vie, pour moi, est l’assise absolue sur laquelle l’être humain navigue, sur une mer agitée, dans une petite embarcation, somme toute fragile. Selon vous monsieur Marcotte , les êtres humains pourraient se donner « à eux-mêmes leur valeur absolue?» Ne serait-ce pas la pensée consciente et réfléchie qui rend à l’homme sa dignité ? Se répéter à satiété « Je suis celui qui a lui-même se donne une valeur absolue, ne change rien à la réalité.»
Une illusion
La vie est souffrance nous rappelle Bouddha et ses causes sont les désirs humains insatiables et l’ignorance. L’individu n’est-il pas appelé à devenir en acte ce qu’il est en puissance? Justement qu’est-ce qu’un individu en puissance? Quelle est sa destinée? Pindare (518, avant notre ère) résume en une phase « Deviens ce que tu es » Le Dr A. Carrel, nous le rappelle dramatiquement en son livre l’Homme cet inconnu. Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux.» s’exclame Socrate. Voilà quelques pensées sur lesquelles il serait bon de réfléchir.
L’humain serait sa propre fin dites-vous ? Indépendamment de toutes conditions ou de tous rapports avec l’environnement, les autres et l’Autre ? Non, l’humain n’est pas achevé du fait qu’il est une personne. À ne croire qu’à soi-même m’apparaît trop limité. Cette forme de complétude humaine reste incomplète. Dans cette perspective, le bonheur, comme idéal, reste une illusion.
En tout respect,