LE BONHEUR : OMBRAGE / ILLUSION OU LUMINOSITÉ ?

C’est moins d’être heureux qui m’importe maintenant, mais d’être conscient. Conscient d’être ce que je suis, fais et deviens. Le grand Bonheur, dont je parlais dans le billet 3, est inné, il est un processus, un happening plus réel qu’imaginé. Legrand Bonheur, le vrai Bonheur à sa source au cœur de l’âme, comme l’une de ses valeurs intrinsèques. Il est en puissance avant même que nous soyons. Une jeune pousse porteuse d’une énergie vitale et personnelle que l’on doit sauvegarder comme la prunelle de ses yeux. Il est un don avant tout. Pour en jouir, il faut qu’il parvienne à la conscience consciente, de là rejoindre la mémoire, processus qui permet la réminiscence. La réminiscence est une théorie selon laquelle la connaissance est le souvenir fragmentaire d’un savoir inné à l’âme. Je me demande qui a mis tout ça dans mon âme, quand, et pour quelle raison. Ce ne peut être autre qu’un être suprême par exemple la déité, à l’origine depuis toujours, pour favoriser chez l’humain le processeur de déification, le cheminement difficile vers la plénitude.

Le bonheur vrai est une quête vers la pleine réalisation de soi. Il est un chemin, un devenir, non une fin. Je compare le grand Bonheur à une lumière dans la nuit. Et bonheur-plénitude agit en éclaireur, comme un guide, une boussole, un phare, mais les signes nombreux qu’ils émettent nous laissent indifférents. Dans notre méprise, à courte vue, on se contente de son ombre. Pourtant, je le soulignais plus haut, son destin final, inscrit dans la durée, est ailleurs. Le grand Bonheur, le vrai précède et dépasse l’homme. Il est à la fois appel, poussée et attirance. Je le soupçonne d’être né avant l’homme. Peut-être pour lui montrer un côté du monde qui lui est toujours inconnu, mais qu’il pressent. Autrement, comment un humain, d’intelligence moyenne, pourrait-il vivre dans un tel monde sans espérance, sans confiance, sans un but capable de l’éclairer, le stimuler, le consoler, lui apporter le baume dont il a tant besoin pour alléger son parcours difficile et incertain ? Le grand Bonheur est venu, il s’est montré le bout du nez, mais on ne l’a pas reconnu, du moins pas encore ! À qui attribuer la faute ? À Satan ? Mais qui est Satan : sinon l’ombre qui nous cache la lumière ! Et qu’est l’ombre ? Sinon, ce qui filtre et voile l’essentiel. L’ombre nous appauvrit, comme une source qui se tarit, alors que la lumière agrandie dilate le cœur, ouvre l’âme à l’amour. Et la lumière fut par ce qu’elle révèle de beau et de merveilleux en l’âme. Selon C.G. Jung, l’ombre est une partie de la psyché formée de la part individuelle qui ne se connaît pas elle-même, et dont l’existence même est souvent ignorée, mais qu’il nous faut pourtant accepter. Le grand bonheur est transcendant. Il vient du fond de soi et monte jusqu’à la conscience, il se fait spiral : voie, chemin. Le bonheur pour Christophe André « Est toujours plus grand que nous, il nous tire vers le haut, nous remplit et nous déborde.» Mais surtout, le grand Bonheur se suffit à lui-même : une fois atteint, on sait qu’il n’y a plus rien d’autre. Aristote qualifiait le bonheur de summum bonum : souverain bien, un bien au-dessus des autres. En raison de nos limites même, on ne peut que l’abaisser à notre niveau. Bouddha prétendait que bonheur et souffrance étaient relatifs. Il préconisait différentes formes de bonheur matériel et spirituel. Dans les béatitudes, Jésus s’adressait aux bienheureux, aux pauvres en esprit. Socrate ne s’en cachait pas « Une seule chose que je sais avec assurance c’est qu’on ne sait pas grand-chose. » Lao-Tseu disait « Tous les êtres sont clairs, moi seul suis trouble.» Le clair-obscur (permets un contraste ou un relief produit par les parties sombres et les parties éclairées. L’homme est au centre avec sa responsabilité bien humaine : trouver devient plus important que chercher. Cela m’indique que pour repérer le grand Bonheur il faut retrouver en soi la paix, la quiétude intérieure. D’où devrait jaillir une clarté, que Bouddha appelle illumination qui permet « déloigner » une partie ombragée en Soi. Lumière et ombre ne peuvent habiter la conscience en même temps. L’un chasse l’autre sans combats. La paix calme, apaise et brise le voile d’ombre qui trouble l’esprit. Avant de nous quitter, Jésus nous a offert le plus beau des cadeaux qu’il pensait donner : la paix. C’est ce qu’il avait de meilleur à nous offrir après une vie tourmentée et jusqu’à un certain point « troublée», car il avait l’impression de ne pas avoir réalisé la mission qu’il s’était fixée lui-même. Il lui restait que la paix intérieure de la mission accomplie. Que la paix soit avec vous devient le bien suprême, qui donne toute la valeur à la promesse de Jésus, bienheureux serez-vous. Rejoindre cet état, un seul instant, est susceptible de tout modifier.

Je poursuis ma réflexion dans le billet suivant. Merci pour vos commentaires et pour votre intérêt. Tous droits réservés.

Roger Simard
 

Personnalogue Conférencier

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