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LE BONHEUR : OMBRAGE / ILLUSION OU LUMINOSITÉ ?

C’est moins d’être heureux qui m’importe maintenant, mais d’être conscient. Conscient d’être ce que je suis, fais et deviens. Le grand Bonheur, dont je parlais dans le billet 3, est inné, il est un processus, un happening plus réel qu’imaginé. Legrand Bonheur, le vrai Bonheur à sa source au cœur de l’âme, comme l’une de ses valeurs intrinsèques. Il est en puissance avant même que nous soyons. Une jeune pousse porteuse d’une énergie vitale et personnelle que l’on doit sauvegarder comme la prunelle de ses yeux. Il est un don avant tout. Pour en jouir, il faut qu’il parvienne à la conscience consciente, de là rejoindre la mémoire, processus qui permet la réminiscence. La réminiscence est une théorie selon laquelle la connaissance est le souvenir fragmentaire d’un savoir inné à l’âme. Je me demande qui a mis tout ça dans mon âme, quand, et pour quelle raison. Ce ne peut être autre qu’un être suprême par exemple la déité, à l’origine depuis toujours, pour favoriser chez l’humain le processeur de déification, le cheminement difficile vers la plénitude.

Le bonheur vrai est une quête vers la pleine réalisation de soi. Il est un chemin, un devenir, non une fin. Je compare le grand Bonheur à une lumière dans la nuit. Et bonheur-plénitude agit en éclaireur, comme un guide, une boussole, un phare, mais les signes nombreux qu’ils émettent nous laissent indifférents. Dans notre méprise, à courte vue, on se contente de son ombre. Pourtant, je le soulignais plus haut, son destin final, inscrit dans la durée, est ailleurs. Le grand Bonheur, le vrai précède et dépasse l’homme. Il est à la fois appel, poussée et attirance. Je le soupçonne d’être né avant l’homme. Peut-être pour lui montrer un côté du monde qui lui est toujours inconnu, mais qu’il pressent. Autrement, comment un humain, d’intelligence moyenne, pourrait-il vivre dans un tel monde sans espérance, sans confiance, sans un but capable de l’éclairer, le stimuler, le consoler, lui apporter le baume dont il a tant besoin pour alléger son parcours difficile et incertain ? Le grand Bonheur est venu, il s’est montré le bout du nez, mais on ne l’a pas reconnu, du moins pas encore ! À qui attribuer la faute ? À Satan ? Mais qui est Satan : sinon l’ombre qui nous cache la lumière ! Et qu’est l’ombre ? Sinon, ce qui filtre et voile l’essentiel. L’ombre nous appauvrit, comme une source qui se tarit, alors que la lumière agrandie dilate le cœur, ouvre l’âme à l’amour. Et la lumière fut par ce qu’elle révèle de beau et de merveilleux en l’âme. Selon C.G. Jung, l’ombre est une partie de la psyché formée de la part individuelle qui ne se connaît pas elle-même, et dont l’existence même est souvent ignorée, mais qu’il nous faut pourtant accepter. Le grand bonheur est transcendant. Il vient du fond de soi et monte jusqu’à la conscience, il se fait spiral : voie, chemin. Le bonheur pour Christophe André « Est toujours plus grand que nous, il nous tire vers le haut, nous remplit et nous déborde.» Mais surtout, le grand Bonheur se suffit à lui-même : une fois atteint, on sait qu’il n’y a plus rien d’autre. Aristote qualifiait le bonheur de summum bonum : souverain bien, un bien au-dessus des autres. En raison de nos limites même, on ne peut que l’abaisser à notre niveau. Bouddha prétendait que bonheur et souffrance étaient relatifs. Il préconisait différentes formes de bonheur matériel et spirituel. Dans les béatitudes, Jésus s’adressait aux bienheureux, aux pauvres en esprit. Socrate ne s’en cachait pas « Une seule chose que je sais avec assurance c’est qu’on ne sait pas grand-chose. » Lao-Tseu disait « Tous les êtres sont clairs, moi seul suis trouble.» Le clair-obscur (permets un contraste ou un relief produit par les parties sombres et les parties éclairées. L’homme est au centre avec sa responsabilité bien humaine : trouver devient plus important que chercher. Cela m’indique que pour repérer le grand Bonheur il faut retrouver en soi la paix, la quiétude intérieure. D’où devrait jaillir une clarté, que Bouddha appelle illumination qui permet « déloigner » une partie ombragée en Soi. Lumière et ombre ne peuvent habiter la conscience en même temps. L’un chasse l’autre sans combats. La paix calme, apaise et brise le voile d’ombre qui trouble l’esprit. Avant de nous quitter, Jésus nous a offert le plus beau des cadeaux qu’il pensait donner : la paix. C’est ce qu’il avait de meilleur à nous offrir après une vie tourmentée et jusqu’à un certain point « troublée», car il avait l’impression de ne pas avoir réalisé la mission qu’il s’était fixée lui-même. Il lui restait que la paix intérieure de la mission accomplie. Que la paix soit avec vous devient le bien suprême, qui donne toute la valeur à la promesse de Jésus, bienheureux serez-vous. Rejoindre cet état, un seul instant, est susceptible de tout modifier.

Je poursuis ma réflexion dans le billet suivant. Merci pour vos commentaires et pour votre intérêt. Tous droits réservés.

LE BONHEUR EST VIVANT Il PORTE LE GOÛT DE VIVRE ET DONNE UN SENS À NOTRE EXISTENCE.

Tourne-toi vers le soleil et l’ombre se tiendra derrière toi.Le grand bonheur se perçoit qu’à travers la clarté des sentiments. En personnalogie, nous croyons que le grand Bonheur est vivant, réellement vivant, en quelque sorte il est immortel. Mais, nous sommes les seuls êtres sur terre à pouvoir de façon consciente de réfléchie, réactiver le grand Bonheur quand il nous a quittés. Nous avons donc la responsabilité quotidienne de le faire naître et renaître dans notre âme. Il compte sur nous, il veut avoir besoin de nous, de notre désir renouvelé. Il s’inspire de l’amour, il vient de l’amour, de l’amour de soi, de ceux et celles avec qui nous vivons jour après jour. Le grand Bonheur dans le sens plénier du mot, confère à l’homme grâce, beauté, liberté, créativité et immortalité. Ce grand Bonheur quand il est en plénitude dépasse l’homme, c’est pourquoi il inspire tant d’émerveillement. Il nous transforme, il nous élève, justement parce qu’il est plus grand que nous. Il nous invite donc à entrer dans un tout autre monde, qui nous semble différent de soi. Ce grand Bonheur est autre, pour ne pas dire tout autre, personne ne peut le faire sien par soi-même. Le grand Bonheur, dont je parle, bien que réel, dépend pour la moitié de soi et pour l’autre moitié d’un plus que soi. Il prend racine dans notre âme, prend forme dans notre cœur et réchauffe notre corps : tout l’être par lui est touché, quelque fois même comblé. On ne peut pas ne pas le reconnaître. Il est unique. À chacune de ses visites, le grand Bonheur éveille quelque chose de nouveau en nous, créant de nouvelles impressions : il étonne, déconcerte. C’est lorsqu’il nous quitte que l’on ressent un manque, un vide à combler, comme une douleur lancinante : une perte réelle nous afflige. Ce p’tit bonheur humain dépend de nous, il est porteur de déceptions, de tromperies, capables même de nous forcer à créer des châteaux en Espagne, et de décevoir nos attentes chaque fois. Ce p’tit bonheur est simulacre du grand Bonheur. Alors, le p’tit bonheur d’occasion fabriqué d’efforts humains nous amène au moi existentiel. Force est d’admettre cette double réalité. D’où vient-elle ? Et jusqu’où nous mènera-t-elle ? Sinon, au bout de soi. Elle nous forcera à découvrir nos limites et à percevoir nos grandeurs, nous forcera à nous reconnaître humains, pleinement humains. On distingue deux sortes de bonheur, un bonheur de surface, construit par le moi conscient, et le grand Bonheur des profondeurs, édifié à partir de notre inconscient collectif. Ce grand Bonheur nous force à renaître et à redécouvrir un pouvoir trop souvent oublié : à savoir que pour trouver il faut chercher. Où se trouve donc inséré l’intérêt nous permettant d’aller à la rencontre de ce grand Bonheur? Il est en soi-même pour la plus grande partie, dans la sphère de l’inconscient. Il est déposé là comme cadeau à développer. Le vrai Bonheur dont on parle ici n’est pas celui auquel on nous a habitués. Ce p’tit bonheur essentiellement humain, euphorique, de passage, limité, fabriqué de mains d’hommes qui n’est qu’illusion, déception, désespérance. Ce p’tit bonheur qu’on fabrique sur mesure au jour le jour est un bonheur d’intentions. Il est trompeur et chimérique : une accumulation de p’tits plaisirs vite épuisée. L’expérience nous enseigne cela tous les jours. Il existe une autre perspective attachée depuis toujours au vrai et grand Bonheur capable de s’adapter à chacun, par ses atouts multiples et évolutifs, qu’il nous importe de décrypter, d’apprivoiser, pour se l’approprier au point d’en devenir responsables. Ce grand Bonheur dépend, en grande partie, d’une réalité préexistante aussi bien qu’existante que nous sommes les seuls à pouvoir activer en devenant partenaire dans le respect de l’un et de l’autre. Ce travail est à la fois exigeant, déconcertant, dynamisant et fascinant. Il nous offre le bon vivre, l’espoir, le pouvoir et le risque de se tromper. Aucune assurance n’est totale. Nous sommes en route. Chaque jour, il faut envelopper la tente. Mais, ce grand Bonheur dans sa magnanimité nous rend, libre (libre arbitre) et conscient : capables de choisir. Le grand Bonheur, dont il est question ici, se présente sous trois formes indissociables qu’il nous faut rechercher aussi bien à l’intérieur de nous qu’a l’extérieur. Bonheur de proximité, le bien- être nécessaire qui s’exprime par la satisfaction des besoins de base. Puis bonheur de mieux-être, le pouvoir de se payer un certain luxe. Enfin, le grand Bonheur quiestsupérieur, instantané, on l’appelle aussi bonheur de croissance, extensible, qui rejoint l’infini dans la durée. Bonheur infaillible. Il a l’extraordinaire faculté de fasciner, d’éblouir, de nous métamorphoser. Avec lui, on devient autre, sans qu’il cesse d’être lui-même. Il prend forme à la mesure de la confiance et de l’espoir qu’on lui porte. C’est le grand Bonheur de transformation. Il est transpersonnel. Il comprend l’angoisse, il élève parfois jusqu’à l’extase. Le vrai Bonheur est tout ensemble don, besoin, désir et création personnelle. Ici, l’aspect invisible se confronte avec le visible. Le bonheur unifié, pour l’essentiel, réside au fond de nous. Il est inscrit là pour l’essentiel depuis le début des temps. Notre responsabilité consiste à le rechercher ardemment, à le cultiver à la mesure de nos possibilités chaque jour. Il n’y a guère d’autre façon de comprendre le mot bonheur que de l’entendre comme récompense, non pas comme but. Et une récompense vient, ne se présente qu’après que nous ayons accompli une bonne action pour nous ou pour les autres : c’est la chaleur et la lumière du soleil qui font s’ouvrir les fleurs. De même, c’est le grand Bonheur qui fait vibrer les cœurs et s’ouvrir à la vie. Voilà pourquoi la peine est grande quand le vrai Bonheur nous délaisse même temporairement. C’est une de ses façons de nous rappeler à son bon souvenir. Ce grand bonheur est derrière la porte de notre cœur laissons le entrer.

Merci pour vos commentaires et suggestions. À suivre.

L’IRRÉSISTIBLE BONHEUR

«On trouve toujours ce que l’on cherche. La réponse est toujours présente et, si on lui en donne le temps, elle se révèlera à nous.» Thomas Merton

J’ai écrit, billet 1, le Bonheur apparaît sur de nombreuses formes, c’est incontestable. On le retrouve sous plusieurs synonymes : contentement, bien-être, plaisir, joie, béatitude et gaieté, etc. Il me semble que l’on ne peut être heureux sans être content de soi, dans la mesure même où l’on essaie de s’améliorer jour après jour. Le bien-être présuppose une certaine satisfaction de soi, la possibilité d’être bien dans sa peau de tout son être. Cette vision est essentielle certes, mais, incomplète. S’efforcer de définir le Bonheur c’est refuser de le simplifier, et en même temps lui rendre son faste, sa double nature. Par son double aspect, le bonheur s’adapte et dépasse l’homme. Le bonheur apparaît pleinement humain que par sa complétude. Chaque aspect humain et surhumain du bonheur présente ses atouts : c’est à l’individu de choisir. Et choisir c’est opter entre ces deux biens le meilleurs.

Les deux aspects du bonheur sont complémentaires, mais ils ne se mélangent pas. Et fait, le bonheur peut être moins ou plus selon l’intérêt qu’on lui accorde. Il importe donc de montrer ce pour quoi le bonheur existe et spécifier : sa grandeur, sa noblesse, sa force, sa candeur, sa proximité, sa capacité d’émerveillement. Mais, surtout l’élan vital dont il est porteur. En somme, le Bonheur nous invite à entrer dans une dimension qui dépasse la raison et l’esprit humain, pour rejoindre le cœur et le corps. Quelque chose dans le bonheur nous échappera toujours. Il a ses raisons pour cela. Le bonheur, du moins en personnalogie, est un sentiment qui rejoint le naturel et le surnaturel : bienheureux serez-vous ! Le manque de bonheur peut être, dans certains cas, la plus cruelle des pauvretés humaines, source de multiples souffrances. Son absence est tristesse. Il signale un manque, un vide à combler. Là, le bonheur peut démontrer sa vitalité.

En personnalogie, on propose trois paliers pour circonscrire le bonheur : bien-être, mieux-être et plus être. Le bien-être peut devenir l’ennemi du mieux-être, en étant satisfait de ce que l’on est. On ne voit pas pourquoi on devrait aller plus loin. Ce bien-être devient privatif. Selon Maurice Maeterlinck « la sécurité est le plus grand ennemi des mortels.» Elle éloigne l’individu des efforts nécessaires pour atteindre un mieux-être. Pour moi, le mieux-être est le tremplin pour être plus. Être plus mène à un niveau supérieur. Henri Bergson constate que le temps se présente d’abord comme durée, c’est un flux continu, un devenir irréversible, spontané, non répétitif, imprévisible, créatif, ce qu’il qualifie d’élan vital. Apprenez écrit Pascal, « que l’homme passe infiniment l’homme ». Cette appréciation ascensionnelle est un moteur qui force la volonté, le désir de grimper vers des sommets où la vue est imprenable. C’est pendant cette ascension que le Bonheur se laisse entrevoir, percevoir. Ici, le préfixe per, signifie au-dedans de soi et vers l’avant, vers les autres. En chemin, on découvre, l’on reconnaît notre fragilité, nos limites, nos grandeurs aussi. De là, on accède à un autre monde en nous, qu’est l’inconscient personnel et collectif, et au tout Autre monde. Plus cette part de soi nous échappe, moins on a de contrôle sur ces dimensions en nous-mêmes. L’état de plus être nous laisse entrevoir la grandeur de l’être humain. On ne peut pas jouir du bonheur sans assumer et harmoniser ces deux dimensions de notre être : limites et grandeur, laideur et beauté. Le Bonheur serait appel, aimant, attraction qui nous sort de nous-mêmes et nous attire vers notre profondeur et vers le sommet. Ce sommet fascine, intrigue et exige des efforts. Mais, il éclaire, dynamise l’action et renforce l’âme. Le bonheur, on le sent, reste perfectible. Associé à la Vie porteuse du grand V, il nous permet de découvrir le sens de notre existence. Exister pour Bergson « consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même ». Cette force irrésistible, cet élan vital de tout l’être, correspond à l’éveil. Être plus est une aspiration inhérente, à un besoin d’absolu. Il est stimulé par la joie, par une quête de sa totalité, par un besoin de plénitude, de l’âme, de la conscience, de la pensée et du cœur. Ce besoin est spirituel, il peut, si l’on y croit, combler un vide inhérent mis là à dessein. Cet espace vacant parle au cœur, appelle l’âme. Voilà pourquoi Pierre Janet a pu écrire que l’angoisse conduit à l’extase, au nirvana pour Bouddha, à une forme de complétude,dont nous parlent avec abondance philosophes, poètes et mystiques de toutes allégeances. C’est comme un souffle à l’âme, une tendresse au cœur, une caresse au corps. Bonheurimpose en quelque sorte son identité, son originalité personnelle et unique.

En somme, le bonheur vrai serait plutôt un happening, un ressentiment, un devenir, qui prend forme doucement en nous. C’est un cheminement, un besoin de croissance. Son royaume serait plutôt l’imagination active et créatrice, appelée l’imaginal reliée à la mémoire, au mental, à la conscience. Le bonheur consiste à se ressouvenir, comme une espérance, un rêve de complétude : renaissance. Il nous rappelle le paradis perdu. Cette démarche suppose des efforts, une souffrance humaine, car visualiser une émotion désirable, mais inatteignable fait souffrir. Par ailleurs, l’acceptation de cette réalité, cette autre forme de vérité, engendre des joies que le bonheur reconnaît et sanctionne. La joie est héritière du bonheur, d’où l’idée d’une forme de paradis retrouvé. Le bonheur dépend donc aussi de notre façon de voir et de sentir. Le bonheur est un processus, capable de se métamorphoser, de devenir outré, plus ou moins. C’est pourquoi, quand l’idée du bonheur nous interpelle, il faut l’écouter attentivement avec les yeux de l’âme, du cœur et du corps. Le bonheur parle à l’être entier. C’est le message de Saint Exupéry et de Félix Leclerc dans leur quête du grand et du p’tit bonheur. Le Bonheur vient de loin. Il est murmure. Il surgit du tréfonds de soi. Il faut prévoir sa naissance. Accoucher de son bonheur, c’est le faire naître en son âme, en sa conscience, et s’en occuper sérieusement. Il faut accepter cette proximité, qui nous retient à la fois près et loin de lui. II faut lui permettre de vivre en soi simplement, car la vision du bonheur est plus ample que la nôtre. Lorsqu’il monte en nous, on le sent, on voit différemment. Il faut lui montrer de l’intérêt. Il exige toute notre attention et notre respect. Il sépare l’accessoire de l’essentiel. Avec notre accord, il écartera les fausses rumeurs à son sujet, les bruits inutiles, les inquiétudes. L’espace donné au bonheur fait place aux langages des dieux. Des dieux insaisissables et pourtant que l’on sent, sans que l’on puisse les saisir ni leur commander. Le Bonheur en soi une plénitude. Toutefois, s’approchant de notre nature, on peut l’appauvrir, mais il ne perd jamais sa force. Le bonheur ne connaît que le maintenant, l’ici, l’instant présent duquel il vient. Son royaume est l’éternité. S’il éloigne ou atténue certains malheurs, il ne les fait pas disparaître. Il les utilise à bon escient. Sa sagesse est proverbiale. Le bonheur est amoureux de l’être humain. Il présuppose la paix. Ce conseil de Lao Tseu « Si vous êtes déprimé, vous vivez dans le passé. Si vous êtes anxieux, vous vivez dans le futur. Si vous êtes en paix, avec vous-mêmes, vous vivez dans le présent ».

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Billet no1 : BONHEUR QUAND TU NOUS TIENS!

Avant-propos

Le bonheur est un sentiment indéfinissable, indispensable. Il révèle un ressenti sans frontière, recherché pour lui-même, inépuisable, controversé, galvaudé, puissant et commercialisé à outrance. Le bonheur (du latin sentire percevoir) reste un senti inatteignable en son fond même. Comme s’il était dédié à nous révéler autre chose, quelque chose d’inédit, un tout autre monde. Il se dévoile, plus ou moins, à ceux et celles qui l’accueillent pour ce qu’il est et pour ce qu’il signifie. (Synonyme de sens) Le bonheur porte plusieurs chapeaux, d’où la difficulté de s’en faire une représentation exacte et complète. Il est insaisissable en son essence même. Le bonheur, du mot bon, contraire de mauvais, et heur, du latin augurium, « présage du vol des oiseaux » donc, capable de s’envoler pour nous mener plus loin, plus haut. On comprend alors sa double nature, sa capacité de voyager entre un monde différent et complémentaire, entre le corps et l’âme, le cœur et l’esprit. Ces éléments sont contraints de s’harmoniser dans le plus grand respect de l’un et de l’autre, sous peine de passer à côté de l’essentiel : être heureux, c’est-à-dire bien dans sa peau de tout son être. Le bonheur unifié donne des ailes symboliquement.

Deux types de bonheur. Le bonheur humain caractérisé par la recherche de plaisir, bien que non négligeable, il reste fragile. Je pense au p’tit bonheur de Félix Leclerc, au bonheur illusion de Schopenhauer. Ce bonheur-là est limité. Il affectionne la jouissance, l’immédiat, particulièrement dans un monde où l’argent, le pouvoir, l’indifférence et l’ignorance de soi deviennent souffrance et révèle un manque à combler intérieur. Ce type de plaisirs permet tous les excès. Le deuxième type de bonheur est transcendant, il relève de l’esprit, sous-tend la joie, suppose une spiritualité.

Le Bonheur vrai se présente comme une récompense, apporte une sensation de bien-être, d’euphorie, une joie, qui apparaît après avoir réalisé quelque chose de bien, un but, un idéal pour soi et pour les autres. Comme si le bonheur venait couronner l’effort et le courage. On ne recherche pas le bonheur comme on se procure un objet. Il est produit de l’acte posé, il récompense l’action, l’œuvre accomplie, et nous indique par surcroit que nous sommes sur le bon chemin et qu’il faut continuer pour goûter d’autres bonheurs uniques.

Le bonheur on ne peut le posséder, c’est lui qui nous possède. On ne peut ni l’asservir ni s’en passer. Il a ses propres lois, qui sont gravées dans les cœurs. Il nous inspire et nous mène vers lui. Il se cache sous un nombre considérable de synonymes. Ses chemins sont multiples et nous signifient qu’on peut le trouver partout à condition qu’on le cherche désespérément là où il est, dans son lieu secret et sacré : au dedans de nous-mêmes. Le bonheur est un tremplin, qui nous élève au-dessus de soi-même, en nous gardant les deux pieds sur terre. C’est essentiel, pour qui veut éviter de prendre des vessies pour des lanternes. Il est difficile d’être heureux, sans être bien dans sa peau, sans être fier de soi, sans s’aimer soi-même, sans entrer en amitié avec soi-même et en empathie avec les autres.

Le bonheur est partout, il nous envahit, nous saisit, nous transporte, il reste vague, pour n mieux s’identifie à chacun. C’est comme un leurre qui nous attire vers un ailleurs non encore aperçu. Le bonheur ne s’explique pas, il se ressent, il est. Il est vivant, donc jouit d’une intelligence supérieure. Il a son heure, sa personnalité propre. On le sent quand il nous manque. On le cherche désespérément sans trop savoir où il se cache vraiment. C’est un piège-attirance. Il est en chacun de nous, mais on ne peut le localiser. Il ne tient pas en place, avance, avance encore. Impossible donc de l’arrêter. Il semble volatil, comme s’il voulait ailer les cœurs. Alors, comment le suivre dans ses repères et l’apprivoiser ? Sinon, me laisser pousser des ailes. Il me semble parfois plus près des anges que des humains. Ce n’est qu’une illusion. S’il paraît à la fois près et loin de soi, c’est qu’il nous dévoile sa vraie nature. C’est pour mieux nous faire entrer dans notre ignorance et nous livrer un savoir précieux. Le bonheur a des raisons que la raison ne connaît pas. Pascal s’y est buté avant de comprendre la grandeur du bonheur. Le bonheur ne change pas, c’est nous qui devons changer devant sa grande noblesse. Bien qu’il ait l’âge du monde, il est toujours jeune. C’est pour mieux nous confondre. Il se fait mystère pour mieux se révéler. Il entraîne et nous rend capables de passer de l’angoisse à l’extase. Et pourtant, on sait que ce qu’il veut bien nous révéler. Le bonheur a son siège dans l’inconscient, et dans le supra-conscient, en deçà de toute chose créée. Le bonheur dans son infinité dépasse l’imaginaire, qui est perçu comme la folle du logis. Et rejoint l’imaginal « ouvre sur une autre réalité celles des archétypes, qui nous donnent accès à une région de soi-même inconnue, qui reste interdite » voir à cet effet Henri Corbin. Sans cette faculté, l’humain n’est qu’une moitié de lui-même. Le mot Archétype nous renvoie pour sa part « au type primitif ou idéal, qui sert de modèle, de prototype, appartenant à l’inconscient collectif, pour lequel C.G. Jung est passé maître. Ouvrir le bonheur à sa vraie dimension serait montré le côté fini et infini, le clair-obscur, le voile qui recouvre l’âme de l’humain.

En somme, le bonheur en personnalogie, a une double dimension humaine et surhumaine. Il porte dans son sillage les mots heureux et bienheureux. Il s’adresse à la raison, mais il réside dans le cœur sans être ni l’un ni l’autre. Il est unique dans sa personnalisation. Il nous ressemble sans cesser d’être lui. Il est lié à un tout Autre. Personne n’a d’ascendant sur lui. Il se fait à la fois proche et éloigné. Il se métamorphose à l’infini. Il n’offre à personne les mots qui permettraient à quiconque de le qualifier. Il est intelligent, autonome et subtil. Il ne livre à personne ses secrets pour qu’il puisse en faire une marque de commerce, ce qui lui répugne, ce à quoi il s’oppose farouchement. Avis à tous les vendeurs de nuages, la beauté du produit n’est qu’apparence. Souvent, ces pseudos maîtres ne font qu’embrouiller les choses. Ainsi, personne ne sait de quoi il parle vraiment quand il parle du bonheur. Tous ces penseurs opèrent dans une tour de Babel. Le bonheur parle au cœur, lieu secret et sacré. Il s’offre à ceux qui le désirent et affectionnent l’intimité. C’est un maître pour l’élève, un ami pour l’assoiffé. Le bonheur est vivant. Les mystiques ne s’en cachent pas : le bonheur est tout ensemble humain et divin. Pour comprendre le bonheur, il faut savoir se taire, faire silence, écouter ce qui monte de soi, puis apprendre à échanger avec lui en toute amitié. Le bonheur se donnera par amour. Il ne résiste pas à l’amour. C’est son talon d’Achille. Lui parler avec amour, s’ouvrir au bonheur avec amour, c’est se rendre capable de lui. Le bonheur est là, laissons-le surgir du tréfonds de soi-même. Faisons-lui un lieu personnalisé. Consultons-le. Il n’y a pas de gourous, de maîtres à penser, de grands connaisseurs du bonheur. Le bonheur est présent au cœur de notre propre cœur, comme notre premier ami. Il est notre propre sentier. Confucius a dit : « Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve au sommet de la montagne alors qu’il réside dans la façon de la gravir ». À vouloir personnaliser le bonheur, on le ramène à une dimension trop humaine, alors qu’il dépasse l’homme absolument, au centre duquel pourtant il brille et attend d’être accueilli dans l’intimité de l’âme, du cœur et du corps. À suivre.

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BILLET 7 : LA MÉDITATION OU LA CONQUÊTE DE SOI !

Les deux éléments de base essentiels à la méditation sont la reconnaissance et la pratique de ce don offert à tous gratuitement. Pour méditer donc, il n’est pas nécessaire de se faire moine, du latin « monachus » et du grec « monachos » homme solitaire : cette mission me semble irréelle. Comme chacun le sait, il n’est pas bon que l’homme soit seul. Cependant, même dans la plus grande des solitudes, l’être humain n’est jamais seul, il y a toujours quelqu’un, des personnages intérieurs qui l’interpellent avec qui il se doit d’entrer en amitié, en dialogue. Cette relation intime permet soit d’avancer ou de reculer, soit de s’accroître ou de se diminuer, tout est dans la façon de l’exercer. S’accroître donc, pour s’achever, pour se dépasser. S’accroître, c’est aussi exercer une pression et écarter des obstacles. Avancer : faire l’effort de prospérer (de prosperari, réussir). C’est pratiquer la résilience, aptitude à surmonter une épreuve, un stress. En somme, être résilient ou résister. Ainsi, s’agrandir c’est se retrouver face à face avec soi-même : tel est le défi proposé à tous. Ce défi permet de découvrir ce pour quoi l’on existe. Il nous force à donner un sens à sa vie, à vivre le plus pleinement possible. On se rappellera l’adage de Socrate «Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ». Une invitation à faire un retour sur soi-même, à redevenir humain, simplement humain, là est le véritable défi : la quête de son être, de son absolu, de sa totalité, qui nous oblige à progresser. Dans son cheminement intime, Augustin en quête de son absolu, qui pour lui était Dieu écrit : « Je te cherchais au-dehors de moi et tu étais au-dedansDieu dit, à Abraham genèse 12,1 :« Va vers toi et devant toi je t’indiquerai le chemin.»

Méditer donc, conduit à l’effort pour être/soi. Deux mots qui semblent s’opposer et se compléter. Je n’ai pas choisi l’être que j’ai reçu, ni les parents, ni le milieu où je suis né. Tandis que devenir soi-même dépend beaucoup de moi en prenant en compte l’effort et les autres. «L’effort est pénible, écrit Henri Bergson, mais il est aussi précieux, plus précieux encore que l’œuvre à laquelle il aboutit, parce que grâce à lui, on a tiré de soi plus qu’il n’y en avait, on s’est hissé au-dessus de soi-même. » De la création de soi surgit la joie. Partout où il y a création, il y a de la joie. La joie indique que nous sommes sur le bon chemin. Henri Bergson ajoute : « Où il y a de la joie, il y a création, plus riche est la création, plus profonde est la joie (…) l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde.»

Méditer, en personnalogie, est une pratique mentale qui présuppose un acte volontaire et un effort tangible, qui consiste à concentrer son attention sur un objet au niveau de la pensée, des émotions et des sentiments en choisissant la voie à suivre et l’aptitude appropriée. C’est l’aptitude qui nous mène à la méditation non pas la parole : l’aptitude est cette disposition innée qui porte une énergie presque indestructible. Dans une approche plus spirituelle, la méditation devient une voie progressive vers la réalisation du Soi (centre de l’inconscient, synonyme des mots : âme, conscience, éveil). Mais, il semble que plus on connaît de choses en ces domaines complexes, plus l’incertitude s’intensifie. C’est la preuve que l’on avance. Celui qui sait tout stagne, rétrograde. C’est pourquoi le sage affirme : « Je sais que je ne sais pas, mais, ça je le sais.» Ce savoir m’apparaît comme le plus grand des savoirs. Il invite à la réflexion à la recherche et à l’humilité, c’est là souvent que s’infiltre la vraie connaissance de soi. Au terme de mes méditations, plusieurs mots ont envahi mon esprit : le mot bonheur s’est imposé. J’en ferai le sujet de mes prochains billets. Merci pour vos commentaires toujours positifs et inspirants.

BILLET No 6 MÉDITER : EST-CE UN DON OU UN PRODUIT DE CONSOMMATION ?

A-t-on fait de la « méditation » un simple « produit » de consommation réservé à certains initiés ?A-t-on vidé la méditation de son sens premier et profond qui est d’être d’abord et avant tout un don, un cadeau du ciel, du moins en puissance offerte à tous ? A-t-on remplacé ce fond naturel, inné, par des formules et des techniques acquises? Ce faisant, n’a-t-on pas écarté ceux et celles qui ne croient plus avoir la capacité ou le moyen d’en jouir personnellement, naturellement, simplement ?

La méditation ne s’enseigne pas, tout au plus, peut-on transmettre une philosophie, des règles, des postures et des attitudes susceptibles d’aider à découvrir et utiliser ce don exceptionnel qu’est la méditation, de même, qu’on n’enseigne pas à danser, qu’ on ne fait que montrer des pas ; on n’enseigne pas la musique mais des notes qui vont bien ensemble et qui créent des mélodies; on n’enseigne pas à écrire, on enseigne des mots qui s’aiment et s’accordent entre eux pour mieux exprimer des sensations, des sentiments, des pensées et des intuitions. Il faut avant tout rendre à la méditationson intériorité sa vraie raison d’être, surtout sa simplicité. Il importe donc de distinguer l’inné de l’acquis, l’essentiel de l’accessoire, le contenu du contenant, saisir l’idée même du passage de la puissance à l’acte, de différencier ce qui dépend de soi et dépend d’un autre, en somme de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu : ce mouvement incarne la grandeur de l’humain. Je lis dans le psaume 8, 5-6 : « Tu l’as fait (l’homme) de peu inférieur à Dieu. Tu l’as couronné de gloire et de magnificence.» Il faut lire Pic de la Mirandole sur la dignité de l’Homme. Henri Bergson prétend que : « le monde est l’ensemble des conditions propres à faire surgir des âmes saintes : une machine à faire des dieux. » Saint Athanase écrit : Dieu s’est fait homme pour que nous devenions Dieu. » De son côté, Saint Irénée réaffirme que : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu.» En somme, il est bon de se rappeler que : «rien n’est extérieur qui ne fut d’abord intérieur.»

Méditer est avant tout un don. Un don, en principe, c’est quelque chose de donné, un avantage naturel. Mais, il est effectif que s’il est accepté, pratiqué et partagé. Si on a le don de faire quelque chose comme peindre, sculpter ou danser, cela n’empêche pas qu’il faille trimer dur pour développer ce don. L’épanouissement d’un don implique le désir, le goût, la recherche, l’effort, la confiance et la persévérance (qualité de qui demeure ferme, sans assurance de succès) pour le faire naître en son âme et ensuite pour lui arracher ses secrets intimes par la méditation. Un don inné et acquis sont des frères siamois, l’un conditionne l’autre, séparés ils sont handicapés. Méditer a plusieurs synonymes tels que faculté (de facultas, capacité à faire quelque chose, disposition) ; capacité (propriété de contenir une certaine qualité de quelque chose) et aptitude (disposition naturelle).

Mais la méditation est bien plus que cela. L’action de méditer porte une force intérieure cachée, sinon voilée que l’on découvre petit à petit par la recherche et la pratique. C’est en se recueillant que l’on parvient à trouver sa propre existence, ce pour quoi l’on existe, ces propres valeurs, sa propre odeur, celle qui à la fois, nous distingue des autres et nous en rapproche. La méditation en quelque sorte nous offre la possibilité d’exister à ses propres yeux et aux yeux des autres, à découvrir que nous sommes quelqu’un, quelqu’un de bien, voire d’exceptionnel, simplement parce qu’on est là en chair et en os. Si ces mots choquent c’est qu’on n’a pas encore saisi la merveille, toute la profondeur de l’Être humain en soi. Chaque personne porte une grandeur qui le dépasse et qu’il tente rejoindre désespérément. C’est à travers la méditation qu’on découvre le poids et le prix de la Vie, de sa propre vie, l’essence de son être, des valeurs (avoir de la valeur), ces inspirations qui montent du cœur à la conscience comme un doux parfum. On devient responsable de sa rose comme l’annonce le mystique sans foi Saint Exupéry, amoureux de la nature, de la personne et de l’absolu dont il se fit le témoin inconditionnellement. On comprend dès lors qu’un humain fait partie d’un tout personnel, exceptionnel, universel et infini encore inexpliqué, trop souvent exploité : toujours en devenir. Ainsi, l’initié proche de cette intimité se remet à la pratique de la méditation, comme dans un retour vers soi. Il sent le besoin de remercier l’auteur de ce tout dont il ne peut ni ne veut être séparé. Il se remet à vivre c’est-à-dire à croire et à aimer, à entrer en amitié avec soi-même d’abord, puis avec les autres, et enfin il se surcentre sur plus grand que soi.

BILLET No 5, L’ART DE MÉDITER : POUR ÊTRE PLUS.

L’Art est une aptitude, un talent à faire quelque chose. Méditer, de méditari « c’est pratiquer un art de façon réfléchie, cette pratique qui enrichie tout l’être.

Comment peut-on comparer un bulbe vivant (billet No 4) et un être humain : sinon par l’âme. Le bulbe et l’humain portent la Vie, qui anime et alimente l’un et l’autre. Ces deux entités sont étroitement et formellement liées et redevables à ce principe immense : qu’est la Vie. La Vie de l’âme par laquelle tout s’enroule et s’articule. Le bulbe est mené inconsciemment à sa destinée, par instinct (penchant naturel), dont il ne peut échapper. L’âme, plus ou moins consciente, est éclairée par la conscience réfléchie, l’intelligence entière, l’affectivité et l’intuition active et révélatrice : en somme par la tête et le cœur déchirés entre avoir et être. Deux avenues souvent opposées contraintes de s’harmoniser pour parvenir à un plus.

Comme pour le bulbe, on pourrait découper l’humain en tout petit morceau sans y voir la vie, l’âme, le souffle, l’intelligence, l’intuition, l’amour, la joie et la tristesse. Pourtant, l’être humain est infiniment plus que tout cela. Au cœur de soi, dans le noyau de la vie, en son lieu secret, sacré et personnel habite l’âme (de anima, souffle) la plus extraordinaire des merveilles. D’elle émerge des possibilités impalpable, comme la possibilité d’aimer aimer et d’être aimé, anticipée (prendre en avance) par la création de soi par soi, qu’est la capacité humaine de créer du neuf, de l’inédit : de créer de l’être. (Qui n’a pas été produit encore). D’où cette idée de « l’homme nouveau ». Il importe de retrouver cette potentialité inhérente, en puissance, qui est une force vierge (marquant la différence qui habite chacun) en attente de soi. C’est là qu’on découvre précisément le moyen d’en vivre, d’en jouir, d’en faire profiter les autres, condition essentielle pour qui veut en profiter pour lui-même. D’où la règle donnée pour recevoir. N’est-ce pas, cela crée de l’être : être plus ? En s’élevant, en se grandissant, en s’atteignant (de attengere, toucher à), que l’individu peut cheminer vers son but. Par ce chemin, situé à la limite du terrestre et du céleste, l’humain rejoint (de jungere, atteler ensemble) son humanité et retrouve son immortalité (joindre un plus grand que soi) exprimée, en partie du moins, par le fameux Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux, de Socrate qui date de 2500 ans. Henry Corbin contemporain renforce cette idée par : Celui qui se connait, connait son seigneur. Ainsi peut-on dire : le parfum est à la fleur, ce que l’âme est à l’humain ! À suivre.

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QU’EST-CE QUE MÉDITER ?

Bonjour,

Une lectrice m’écrit : « Merci de nous permettre de nous arrêter à la méditation. » Merci à vous. Je suis content de vous offrir ce moment de détente comme elle dit. Je lui propose ces réflexions. Pour le « méditant» le secret est dans la confiance, la patience et la détermination. Voyons voir disait mon père. Voir, pour lui s’était regardé trois fois plutôt qu’une.

Qu’est-ce que méditer? (Méditer du latin méditant signifie pratiquer, se soumettre à une longue réflexion, approfondir, creuser, rendre plus profond) avec sérieux, mais sans raideur. Il y a plusieurs écoles de méditation aussi bien orientales qu’occidentales qui étalent leur savoir à l’infini sans complexe. Il est bon de simplifier. Voilà une voie qui me semble intéressante. Un de mes mentors me disait que méditer était un art « qui s’apprend comme dessiner, danser, sculpter ou écrire. Chanter de tout son cœur. Être foudroyé par un coup de foudre, tomber en amour, aller à la pèche, jouer au golf, n’est-ce pas perdre la carte et se retrouver, gros gens comme devant, bien malgré soi, dans un autre univers jusque-là inconnu. Durant tout ce temps où étions-nous : partis. Mais où ?

Méditer, me répétait mon oncle Jos c’est : « jouir de l’instant présent.» J’ai longtemps médité ces propos. Ils me paressent aujourd’hui incorrects (de incorrectus, non corrigés), en tout respect pour mon oncle. Voici pourquoi. D’abord, « l’instant présent » est insaisissable, rapide comme l’éclair, plus prime qu’un claquement de doigts . L’instant est une illusion à caractère irréel, intemporel qui dépasse l’entendement. Méditer c’est avant tout une quête, un besoin pour l’âme, un bien pour le cœur et un baume pour le corps. Un chemin privé que bien peu d’individus empruntent. Il rappelle l’éternité qui nous échappe complètement et nous dépasse infiniment. Vivre l’instant présent me semble impossible, à moins de le dépasser par en dedans. Parvenu à ce niveau, la méditation entraîne, guide. C’est elle qui devient maître du jeu en son royaume. S’abandonner. Pénétrer. Écouter la voix. Ne pas trop intervenir. Se laisser aller. On dit « le bonheur est dans le pré », et le vrai pré est à l’intérieur de soi. Donc, va au jardin de ton cœur tu y trouveras ta forme de bonheur. Plus que connaître c’est reconnaître.

Il faut vivre plutôt, « DANS » « DEDANS » le moment présent. Tel est le secret. Il faut s’y abandonner. S’y laisser emporter. S’y joindre. S’y plonger sans réserve, complètement, intensément. Je n’y arrive pas, du moins pas encore. Se laisser envahir par l’être ou la chose aimée. Non pas à la force de sa volonté, mais par le désir intense d’atteindre l’objectif auquel tout son être aspire. Parvenir c’est pratiquer. Avoir le goût, acquérir cette mentalité. Créer. Faire ou accomplir quelque chose qui nous « poigne » nous « empoigne » et nous mène vers un autre lieu, dans un autre espace où le temps bien que relatif est doux. Sans contenu. Y espérer de tout notre être : au-delà même de soi, comme en état «d’hypnose.» Alors, l’individu entre dans une sorte de transe, comme couper de tout, de lui-même, de son petit moi surtout. Dans l’aventure se détacher compte pour beaucoup. Ce n’est pas soi-même seul qui fait le boulot, c’est le tout Autre au fond de soi qui appelle à la sérénité et au partage. Que sert de savoir donner s’il n’y a personne pour recevoir? C’est la faiblesse de Dieu. Chercher le donneur d’abondance. Hier, je voyais un petit aigle surfer sur le vent et je me disais pourquoi tant de puissance pour porter un si petit être ? Et j’ai compris : saisi.

L’article-2 portera sur le but, les bienfaits et les postures de la méditation.

La Vie au grand « V » dit au petit « v » regarde, observe, interroge-moi, je vais te conduire et te séduire !

Parlez-moi, de la Vie me dit une lectrice… La Vie au grand « V » je le suppose. La Vie au grand « V» est unique…originale…indéfinissable, créatrice de grandeur et de beauté infiniment à perte de vue…La Vie refuse de s’arrêter, de se limiter, elle va de l’avant. Elle se rend invisible pour les yeux à dessein. Les yeux du corps limitent et voilent l’objectif. Elle s’adresse à l’âme. Elle frappe en plein cœur, au centre même de la conscience. Là se loge l’énergie vitale. Tel pense un homme en son cœur tel il est. La Vie, s’enfonce et s’agrandit autour de la vie humaine. La Vie est déité. Je lui parle comme si elle était un Dieu. Un Dieu que je personnalise en jardinant.

Prenons comme symbolique un bulbe. Plantons-le mentalement et imaginons le voir pousser. C’est la seule façon de libérer ce qu’il porte d’extraordinaire en lui. Une pulsion commande au bulbe d’agir sans tarder. Elle lui sert de guide. Le bulbe a dans la Vie une confiance aveugle. Le bulbe doit peiner pour offrir et jouir de son essence. C’est ainsi qu’il peut partager : rendre ce qu’il a reçu. Il n’existe que pour cette seule condition : rendre témoignage à la beauté. Du bulbe naissent des racines invisibles, nourricières, puis une petite tige, des bourgeons, un début de feuilles apparaissent, une fleur se forme, un parfum jaillit, son essence, sa semence se repend, sans bruit, doucement, naturellement. Un miracle est né. L’infini se laisse apprivoiser : toucher, regarder, sentir. On voit. La fleur par sa beauté et avec ses formes comble. Elle se sait la complice de l’infini. Elle n’est plus seule désormais. Elle fait partie de l’ensemble. Elle a dorénavant sa place parmi nous. Elle émerveille et gratifie la terre. Les humains et les animaux s’en délectent. Mais, comment le bourgeon devient-il une fleur ? Comment l’eau d’érable se change-t-elle en sirop ?

Sans s’en rendre compte, le bourgeon se métamorphose sous nos yeux ébahis. Qui rend tout cela possible sinon : la Vie. Oui, la Vie. C’est elle qui fait surgir la fleur du bourgeon, le fait être. N’est-ce pas semblable pour l’humain qui met des années à peaufiner ses racines pour porter son fruit ? La fin est dans le début. Et lorsque le bourgeon et l’homme terminent leur cycle, leur destin est accompli. Ils laissent derrière eux la beauté comme une odeur de perfection translucide, transmissible. À n’en pas douter, la Vie est le centre divin devenu émerveillement, sans fin en chacun de nous. Félix Leclerc écrit : « C’est fort la mort il y a la Vie dedans.» Et Teilhard de Chardin lui fait écho : « Une fois, une fois seulement, au cours de son existence planétaire, la terre a pu s’envelopper de Vie. Pareillement, une fois, et une fois seulement la Vie s’est trouvée capable de franchir le pas de la réflexion. Une seule saison pour la pensée, comme une seule saison pour la Vie. » Une fois, une fois seulement !

La Vie est un thème essentiel en personnalogie. Elle nous dévoile le terrestre du tout céleste que chacun peut faire naître en son âme. J’y reviendrai.

À bientôt.

Notre véritable grandeur humaine

Accepter un handicap : c’est grandir et s’élever au rang d’humain. En effet, qui que nous soyons, nous devons vivre avec certaines limites physiques, psychiques, intellectuelles, affectives ou spirituelles, plus ou moins importantes à nos yeux. Nous devons les identifier avec courage, les accueillir avec sérénité, jusqu’à les aimer en quelque sorte pour faire de ce moins un plus. Cette action nous distingue comme être humain et nous laisse voir notre véritable grandeur. On dirait que la Vie a placé des handicaps sur notre chemin, à dessein. Trouver ce pour quoi l’on existe. Devenir ce que l’on est. Telle est notre première vocation. Cette démarche consciente et réfléchie permet de trouver des solutions au cœur de soi-même. Elle nous dévoilera notre raison d’être, notre véritable valeur, nous révèlera un chemin de libération intérieur à partir duquel chacun y trouve une forme personnelle de paix, de bonheur et de joie de vivre, une nouvelle source d’énergie vitale.

Crier à l’injustice. Se plaindre. Accuser les autres, les circonstances. Se croire victime ne change rien à la réalité. Il faut assumer coûte que coûte. Un handicap a toujours une raison d’être, comme si le destin nous avait proposé ce défi surmontable, favorisant notre plein épanouissement. Trouver est plus que chercher. Monter devient surmonter. Ainsi, la perspective d’une réussite, d’une guérison intérieure possible, nous paraît tellement opportune qu’on acceptera les difficultés qui l’accompagnent, avec sérénité. C’est ce fond en soi qui manque le moins. Le parcours en vaut la peine. Il importe d’en être conscient. Et au besoin solliciter de l’aide.

C’est une raison de plus qui m’a conduit à créer la Personnalogie, aider ceux et celles qui sont aux prises avec ce type de dilemmes.

Bonne journée et merci pour vos commentaires.