Créer c’est ajouter : être plus
Créer, se créer, c’est ajouter de l’être à son être. C’est se dépasser. Telle est la vocation première de chacun : être plus. Un individu qui se dit ou se croit « normal, bien portant » sait et sent quand il est dépassé par la « vie ». À moins qu’il relève le défi de se surpasser, d’aller plus loin, plus haut, vers la cime, dans l’espoir de se découvrir, de s’inventer. De là il sera poussé et attiré vers la plénitude, vers ce besoin de « totalité » qui est en attente de lui. C’est l’éveil. La satisfaction d’être quelqu’un : d’être humain.
Notre dessin représente le cosmos enveloppé, emmuré dans un grand cercle. Le petit cercle semble perdu en son centre. Il incarne l’infiniment petit devant l’infiniment grand. Comme le gland et le chêne, le bulbe et la fleur, la goutte d’eau et l’océan. Contrairement au grain de sénevé qui s’ouvre et rejoint sa grandeur : sa destinée. Cette image symbolise l’esprit et le corps. En nous rappelant que le début et la fin sont toujours un.
Créer, donc, c’est faire naître ce qui n’est pas encore. C’est parfaire quelque chose en soi et agrandir le monde. C’est enrichir, faire croître, élever, c’est maturer et murir. C’est avoir trouvé la porte oubliée et en même temps découvrir pourquoi on a reçu la vie gratuitement. C‘est pouvoir se perdre dans la continuité, la durée, et persévérer jusqu’à l’arrivée : l’atteinte du but, l’ultime voyage. Mais pour y parvenir, il faut au départ un désir conscient, ardent. Il faut aussi une lassitude, une séparation acceptée: il faut un espoir et un amour cachés qui fleurissent et triomphent.
Au centre du grand cercle, le petit cercle représente l’individu et son vide, ses manques, entourés de trois cercles concentriques. 1. Les autres, l’environnement. 2. Le cosmos. 3. L’infinité. En somme, le petit cercle se perd dans le grand. Et le grand cercle se voit conditionné par le petit, de telle sorte que l’un n’est rien sans l’autre : harmonisé donc.
Prenez six bulbes, plantez-en trois et placez les trois autres sur une tablette. Les premières vont produire des fleurs, se reproduire et se multiplier naturellement sans cesse. Les trois autres vont sécher. La morale de cette histoire est simple : tout être vivant qui ne se développe pas périt. L’humain n’échappe pas à cette règle implacable, éternelle.
C’est la finitude humaine qui mène à la plénitude. C’est la plénitude qui tire la finitude humaine vers elle, en esprit du moins. Et l’esprit nous rend libres. Par lui nous savons qui nous sommes.
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